Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Peru Bolivia : un mois pour tout donner
4 juin 2016

La douceur de Sucre

Mon itinéraire s’infléchit inexorablement vers le nord. Il remonte, sur la carte. Depuis la boucle Tupiza – Uyuni, plus aucun retour en arrière n’est possible. Il faut déjà prendre le chemin du retour. Cela n’interdit pas les étapes, les temps de pause, choisis ou subits, mais impose d’être sérieux. Après la cadence infernalement agréable de ce début de voyage, un peu de repos était nécessaire, et Sucre est une halte appréciée et appréciable. Petite ville tranquille et proprette du fait de son statut de capitale constitutionnelle, elle est facile à vivre et à comprendre. Son climat n’est pas frais la nuit et elle est presque aérée. Elle est située sur la grande pente qui descend de l’Altiplano à la Selva, cette pente forestière à moitié, presque à égale distance entre Uyuni, que vous situez désormais, et Santa Cruz de la Sierra, la plus grande ville du pays, au commencement du bassin amazonien, à 400 mètres d’altitude. Une ville que je ne découvrirai pas pendant ce voyage, mais qui serait une porte d’entrée pertinente pour une prochaine aventure dans ce pays si surprenant, en direction de l’est et du Brésil. 

Article Sucre_Image 1_Carte

Sucre c’est la douceur de vivre, dans le cadre paisible des murs blancs de bâtiments prestigieux et importants, de pouvoir ou de culture. Ce sont ces places aérées, ce marché central où l’on pourrait passer la journée, du petit déjeuner au dîner du soir, sirotant des jus de fruits frais entre les repas. Sucre c’est aussi rester sur la place du 25 mai à ne rien faire et regarder la vie. Sucre c’est aussi ces gentils embouteillages de petite capitale, une rue à une voie à sens unique un peu bondée à l’heure de midi, c’est tout. Sucre, vu sa position géographique que j’ai pris la peine de vous détailler avec soin, c’est aussi la rencontre des ethnies de l’Altiplano avec celles du bassin amazonien. Et de tous les mélanges qui se sont faits dans cet entre-deux zones. Le métissage y est resplendissant et serein.

Article Sucre_Image 3_Sucre Sucre

Article Sucre_Image 4_Panaderia

Article Sucre_Image 5_Avenida

Article Sucre_Image 6_Comedores

Article Sucre_Image 7_Las paredes blancas

Sucre offre le calme et l’envie de farniente en pleine ville, loin de toutes ces plages qui n’en n’ont pas le monopole, pas tout à fait en haut d’une colline, pas non plus au bord d’une rivière vive. Des activités politiques de la ville on n’en ressent rien, en ce mois d’octobre. La ville est à peine troublée par les collégiens bruyants qui s’enveniment sur les places ou font s’amouracher d’autres gênés, peu importunés par la chaleur et leurs uniformes. Seul le marché rassemble dans ses galeries fraîches et odorantes. Le cimetière, lui, fait fondre et pleurer les familles récemment diminuées. Les choses sont en ordre, et se finissent le soir, pour nous, comme sur un bon campus.

Article Sucre_Image 8_Carne

Article Sucre_Image 9_Mercado por ariba

Article Sucre_Image 10_El menu

Nos petits congénères européens, nord américains et australiens, ont décidé d’établir résidence prolongée dans les auberges de la ville, flanquées des plus beaux toits, pour s’y inscrire dans des cours d’espagnol dans les heures les plus chaudes, après de longs mois de déambulations dans les pays de la région. Chacun tant d’histoires à raconter dans un anglais parfait. Le cocktail de trop. Je me sens seul dans mon voyage court. Dans mon voyage seul. Je me sens seul à parler espagnol. A vouloir faire des choses. Ils sont bien pratiques pour un karaoké le soir, mais donnent envie de s’arracher sans regrets le jour.

Je suis pourtant venu à Sucre avec Roger, un suisse alémanique rencontré à Uyuni, et avec qui je voyage depuis lors. Lui, voyageur au long cours, très vite s’est senti à l’aise dans cette ambiance. Moi moins. Et puis nous avions un projet commun, celui d’aller voir cette curiosité géologique qu’est le cratère de Maragua, en passant voir en chemin les traces laissées par nos prédécesseurs, les dinosaures, qui furent nombreux à gambader dans la région, il y a déjà bien fort longtemps, 65 millions d’années d’après la Science, que je ne remets pas en cause . Malheureusement, faute d’être à la bonne période pour le trekking, ces foutues chaleurs n’incitant pas aux efforts, nous ne trouverons pas une âme souhaitant faire cette expédition de plusieurs jours loin de ces auberges cool du centre. Après trois jours à ne rien foutre à Sucre, si ce n’est tenter de démarcher les blancs croisés dans la rue ou dans les restaurants pour les convaincre de partir dans cette petite escapade, je quitte cette drôle de capitale à la nuit tombée, via un terminal du bus froid, où j’attendrai le bus avec des jeunes gens que j’avais croisés dans ces quelques jours dans les rues de Sucre, et qui m’avaient dit non pour le cratère de Maragua. La nuit dans le bus me fera remonter sur la carte et sur l’Altiplano, en direction du Pérou. Le lendemain matin je serai de retour à La Paz.

Publicité
Publicité
Commentaires
Peru Bolivia : un mois pour tout donner
  • En octobre 2012, après un an de dur labeur, à tout donner, je pars épuisé, un peu hagard, pour un break en Amérique Latine : ce sera le Pérou et la Bolivie pendant un mois : un mois pour tout donner. Mais à ma façon. Retour à froid sur ce mois inoubliable.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité