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Peru Bolivia : un mois pour tout donner
4 mai 2016

Potosí et les mines

Après les grands espaces, et cette plongée dans un univers si parallèle à ma vie de tous les jours qu’encore aujourd’hui, par nécessité, je m’y abandonne régulièrement par la pensée, est venu le temps de s’intéresser aux espaces confinés que constituent les mines d’argent de Potosí, à quatre heures et demie de bus au nord-est d’Uyuni, et de refaire un petit saut dans l’histoire du siècle d’or espagnol. Potosí, perchée à 4100 mètres au dessus du niveau de la mer, s’est en effet développée sur la base de l’exploitation minière du Cierro Rico, monticule bourré d’argent, dont les espagnols avait pour intention de n’en laisser aucun gramme à l’intérieur et aux locaux, et de tout acheminer vers l’Ancien Monde.

Article Potosi_Image 1_carte

Les indiens furent mis à contribution et payèrent un lourd tribut pour satisfaire les ibères. Premièrement rien de tout l’argent extrait n’est revenu à la ville, mis à part le fait que l’activité a permis son développement, et deuxièmement travailler dans la mine équivalait à signer son arrêt de mort, à une échéance très courte voire peu moyenne, tant les conditions y étaient impropres à la vie saine, et favorables à tout type d’accident, disons « de chantier ».

Article Potosi_Image 2_cierro rico

Aujourd’hui il est possible d’aller se rendre compte des conditions qui règnent dans une mine, même peu profonde. Si elles sont aujourd’hui régies pour la plupart par des coopératives, à l’exception de quelques mines encore exploitées par des multinationales étrangères, la chaleur, l’humidité, l’atmosphère poussiéreuse et irrespirable doivent être sensiblement les mêmes qu’à l’époque coloniale, le monde en moins du fait de l’activité en baisse. Encore que du monde en plus, ça fait de la chaleur en plus et de l’air en moins. Avant de nous rendre dans la mine, nous passons par le marché pour y acheter quelques vivres et cadeaux pour les mineurs. Droit de passage ? Don ? Tradition ? Complément de salaire ? Un peu tout cela à la fois. Nous achetons ainsi des sodas, de l’alcool à 96°, dont nous autres nous servirions davantage à désinfecter des plaies qu’à le boire, cigarettes à l’eucalyptus et autres plantes qui font du bien, et bien entendu les incontournables poches de coca.

Une fois parés de nos salopettes, bottes, casques et frontales, nous sommes prêts à descendre dans l’enfer de la mine. Si les premières minutes sont ludiques, dans des galeries ou nous devons à peine courber le dos, quelques exercices de remplissage et de tirage de chariots nous étant proposés, la suite de la visite ne sera qu’attente de la fin, espoir de tenir le coup, de ne pas s’évanouir. La poche de coca que j’avais acheté à destination des mineurs, me sert en réalité à me sentir mieux. Je mastique les feuilles et les effets sont salutaires. Je donnerai mes autres présents comme prévu, dans la partie la plus profonde, la plus chaude, la plus inhumaine que nous visiterons. Là où pourtant les mineurs restent des journées entières, sans sortir. Là où à l’époque espagnole, les indiens remontés des bassins amazoniens restaient plusieurs semaines sans sortir, voire ne ressortaient pas vivants. Curieuse visite.

Article Potosi_Image 3_mineur

Article Potosi_Image 4_en la mina

Des visites des mines à Potosí, il y a les détracteurs, et les autres qui ne savent pas bien au final ce qu’ils sont venus faire là. Je ne sais pas s’il faut être virulent avec ceux qui ont voulu voir ce qu’il s’est passé sous le Cierro Rico. Si je dois être blâmé. Je pense malgré tout, que se rendre compte des conditions de travail imposés à ces forçats par un peuple pilleur et en croisade, de comprendre l’histoire d’une ville à travers ce qui la fait, de comprendre un peu même si cela est très rapide comment se sont aujourd’hui organisés les mineurs pour en tirer meilleur profit, cela vaut la peine. Au moins pour s’y intéresser. Ne pas fermer les yeux. Et pour le raconter ensuite.

En contrebas du Cierro Rico, la ville de Potosí, nous ramène elle aussi au temps de la présence espagnole. La ville est coloniale, avec sa cathédrale et ses églises, son marché central, ses façades colorées. Les rayons du soleil y sont féroces. On y cherche l’ombre constamment. J’y déambulerai une petite demi-journée seulement, avant de reprendre ma route, et de perdre enfin un peu d’altitude, après une semaine passée aux alentours des 4000 m.

Article Potosi_Image 5_plaza de armas

Article Potosi_Image 6_mujeres

Article Potosi_Image 7_vendedora

Article Potosi_Image 8_catedral

Article Potosi_Image 9_calle azul

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Commentaires
Peru Bolivia : un mois pour tout donner
  • En octobre 2012, après un an de dur labeur, à tout donner, je pars épuisé, un peu hagard, pour un break en Amérique Latine : ce sera le Pérou et la Bolivie pendant un mois : un mois pour tout donner. Mais à ma façon. Retour à froid sur ce mois inoubliable.
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